Mai 2024 - Mot du supérieur

Source: District de Suisse

« On se souviendra que rien n’édifie les fidèles comme l’exemple de la prière des prêtres, il est donc instamment conseillé de faire ses prières à l’église. »

C’est ainsi que Mgr Lefebvre s’adresse à ses prêtres dans le livre des statuts de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, c’est-à-dire dans le petit ouvrage qui donne l’esprit et la ligne de conduite des membres de la Fraternité. Par ces quelques mots, notre Fondateur souhaitait que ses prêtres soient des hommes de prières, des hommes exemplaires, même s’ils restent des créatures fragiles et faillibles, des hommes que l’on voit prier. Evidemment qu’il faut immédiatement écarter l’idée fausse d’une prière purement extérieure et pharisaïque. Notre fondateur voulait tout simplement qu’il soit normal et habituel de trouver le prêtre en prière à l’église, de le trouver dans son élément !

C’est l’image qui nous reste de Mgr Vitus Huonder. A présent que nous voilà orphelin de sa présence, le Bon Dieu l’ayant rappelé à lui de façon si rapide, l’image qui nous vient le plus naturellement à l’esprit en pensant à lui, c’est justement de le voir en prière à sa place dans les derniers bancs de la chapelle de notre école à Wangs. Il passait presque inaperçu pas sa taille modeste, mais c’est bien là qu’il passait l’essentiel de son temps.

Certes, pour un évêque à la retraite il est plus aisé de trouver du temps pour Dieu que pendant des activités pastorales prenantes... Il n’en reste pas moins que cela n’est possible que si l’habitude de prier a été acquise par le passé. C’était bien le cas de Mgr Huonder. Malgré les nombreuses occupations d’un évêque diocésain, il a été un homme de prière. Celui qui a été son évêque auxiliaire, Mgr Marian Eleganti, l’a bien décrit dans l’hommage qu’il lui a dédié : « Il était très fidèle à la prière. Le rosaire et le bréviaire, la messe : il n'y a jamais eu le moindre écart ou la moindre négligence ».

Les journaux se sont plus à décrire Mgr Huonder comme un homme de polémique, aux prises de position tranchées. Mgr Huonder n’était pas un homme de polémique ni de prises de position incessantes. Quand il le fallait, il s’est simplement fait l’écho, avec courage, de l’enseignement immuable de l’Eglise. Il faisait son devoir d’était et passait le reste de son temps à prier et à méditer. 

Le communiqué qui annonçait sa venue dans notre école de Wangs en 2019, le précisait avec clarté : « Le seul et unique but de cette démarche est de me consacrer à la prière et au silence, de célébrer exclusivement la messe traditionnelle, et d’œuvrer pour la Tradition, unique moyen de renouveau de l’Eglise ». Combien ont en douté… Pourtant, le moins que l’on puisse dire, c’est que Mgr Huonder a été fidèle à ce programme à la lettre !

Pour faire mieux ressortir cet amour de la prière, permettez-moi de reprendre ce que disait Mgr Huonder lui-même au cours du long interview donné au moment de son jubilé sacerdotal : « La vie de prière a toujours eu à mes yeux une grande importance. C’est le soutien de la vie d’un prêtre, de la vie d’un évêque. C’est aussi le soutien dans la vie d’un laïc. J’aime particulièrement la prière du bréviaire, c’est-à-dire la prière de l’Eglise. Je me retrouve volontiers dans la chapelle devant le Saint-Sacrement. Si nous réalisions que la prière est comme une anticipation de la louange éternelle du Dieu trinitaire, nous aimerions certainement prier. Nous pouvons dès maintenant louer réellement le Dieu trinitaire, dès maintenant. Si nous le réalisions vraiment, je pense que nous irions beaucoup plus volontiers prier. Avec la prière, avec la messe, nous avons déjà un pied dans l’éternité. »

Je crois que Mgr Huonder touche un point crucial et central : si vous réalisions ce qu’est la prière, nous irions plus volontiers prier. L’amour de la prière ne tombe pas du ciel, c’est une habitude qui doit s’acquérir peu à peu, se comprendre, s’apprécier et se mettre en pratique. 

En priant, nous inaugurons sur terre la louange du ciel. Alors que toute autre occupation peut nous paraître plus importante et attrayante, rien ne peut cependant remplacer ce cœur à cœur avec Dieu, cette élévation de l’âme qui seule peut contenter les aspirations de notre cœur.

Cette prière du reste, outre sa dimension personnelle d’élévation de l’âme vers Dieu est aussi, parfois, une prière communautaire. Ce point est aussi important. Mgr Huonder, du reste, a été un magnifique exemple de fidélité à la prière de sa nouvelle communauté à Wangs.

La prière commune est aussi un point très important. Mgr Huonder disait à ce sujet : « La vie de prière a toujours eu à mes yeux une grande importance. C'est le soutien de la vie d'un prêtre, de la vie d'un évêque. C’est aussi le soutien dans la vie d'un laïc. J'aime particulièrement la prière du bréviaire, c'est-à-dire la prière de l’Eglise. » Il va donc de soi que Mgr Huonder priant avec les prêtres et les enfants ne pourrait qu’encourager les prières qui unissent un foyer, une famille, en particulier la récitation du chapelet. Evidemment que selon l’âge des enfants, les prières peuvent se révéler parfois difficiles. Mais c’est tellement important de privilégier cette adoration de la famille devant son Créateur, c’est tellement formateur de donner cette image de soumission et de louage au Bon Dieu. Continuons avec générosité ces prières !

Comme il le disait ci-dessus, Mgr Huonder aimait aussi venir à l’Eglise pour prier, car il aimait se trouver devant le Saint-Sacrement. C’est aussi une belle habitude que nous pourrions prendre de passer quelques instants en visite devant le Saint-Sacrement, surtout si l’occasion nous est donnée de passer à côté d’une église.

Je ne peux terminer ce mot sans dire toute l’admiration, le respect et l’estime que je porte à Mgr Vitus Huonder parce que, comme notre vénéré fondateur, il a été un modèle, en particulier pour nous prêtres, de pasteur livré d’abord à la prière. Cet esprit de prière rejaillissait sur tout son être. Il me paraît donc très important d’encourager à pratiquer, chacun à notre place, cette vie de prière. Elle lui était vitale. Cet exemple de vie de prière est un peu son testament et je ne pense pas exagérer en affirmant que ce serait en quelque sorte accomplir les dernières volontés du défunt que de le redire à tous. 

Au cours de ces cinq années, Mgr Huonder a découvert et approfondi la Tradition de l’Eglise, il a lu et apprécié les œuvres de Mgr Lefebvre. Son désir d’être enseveli près de Mgr Lefebvre est à la fois touchant et presque naturel, tellement il s’est approché de l’esprit du fondateur de notre Fraternité.

On ne peut bien sûr présumer de la destinée éternelle d’une âme et on recommandera toujours de prier pour le repos de son âme. Mais l’exemple qu’il nous a donné ces cinq dernières années, est celui d’un homme de Dieu, entièrement tourné vers l’éternité, celui d’un évêque presque indigne de cette terre et que le Bon Dieu s’est empressé de rappeler auprès de lui.

En souhaitant qu’il soit au plus vite dans la joie du ciel et qu’il soit notre protecteur de là-haut, nous ne pouvons souhaiter qu’une chose : que l’œuvre apostolique de la Fraternité puisse reproduire dans d’autres évêques, parmi les prêtres ou fidèles, les mêmes fruits que chez Mgr Huonder : la découverte des richesses de la Tradition de l’Eglise, de la profondeur de la messe, de la beauté de la foi sans compromission.

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